Au cours des deux dernières années, notre équipe à la Fondation Definity a accordé la priorité à l’apprentissage en nous immergeant dans de nombreux réseaux, rassemblements, webinaires, et en nous engageant dans la recherche et en établissant des liens avec des détenteurs de connaissances pour explorer les questions liées à la philanthropie, aux systèmes alimentaires, à l’action climatique et au secteur à vocation sociale.
Afin de mieux comprendre l’étendue de notre apprentissage, nous avons commandé un rapport de synthèse pour nous aider à donner un sens à tous les enseignements que nous avons recueillis. Les thèmes et concepts qui en résultent nous ont fourni une image plus claire des intersections au sein de ces secteurs et de la manière dont ils sont liés les uns aux autres.
Nous reconnaissons que ce n’est que le début. Ces enseignements serviront de fondement à notre approche de la feuille de route à l’avenir. Ils éclaireront nos décisions, guideront nos stratégies et nous aideront à rester attentifs aux complexités et aux opportunités dans ces domaines. Notre objectif est de laisser notre apprentissage continuer à se développer et à influencer notre travail de manière significative.
Nous partageons ici notre interprétation de cet apprentissage. En distillant les enseignements en 5 points essentiels compréhensibles et en les partageant avec nos réseaux, nous contribuons à une compréhension plus large de la voie à suivre.
- Défis et opportunités dans le secteur à vocation sociale
Le secteur à vocation sociale, essentiel au bien-être du Canada, fait face à des défis importants. L’un des plus pressants est le
De plus, le financement dans le secteur est souvent concentré dans de grandes organisations établies, laissant les initiatives plus petites et de base sans ressources adéquates. Une structure de financement « winner-takes-most » limite la capacité d’innovation et marginalise les communautés qui ont le plus besoin de soutien. S’orienter vers des subventions pluriannuelles et flexibles, comme celles promues par Definity, pourrait favoriser des relations plus solides et plus collaboratives entre les bailleurs de fonds et les bénéficiaires, soutenant ainsi des solutions à long terme à des problèmes sociaux complexes.
Enfin, la dépendance du secteur à un petit groupe de donateurs fortunés crée une vulnérabilité à leurs préférences, qui peuvent parfois prioriser les croyances personnelles plutôt que les interventions fondées sur des preuves. Diversifier les sources de financement, explorer la finance sociale et impliquer les jeunes générations sont essentiels pour relever ces défis. Cependant, il est important d’examiner soigneusement ces options pour s’assurer qu’elles ne perpétuent pas les inégalités existantes.
- La crise de la souveraineté alimentaire au Canada
La souveraineté alimentaire du Canada s’est érodée au cours des deux dernières décennies, conduisant à une dépendance croissante à l’égard des aliments importés. Plus de 65 % de notre nourriture parcourt de longues distances, contribuant aux dommages environnementaux et déconnectant les systèmes alimentaires locaux des personnes qui en dépendent. Les oligopoles dominent l’industrie alimentaire, étouffant le potentiel des entreprises régionales plus petites et des solutions alimentaires innovantes. Les politiques gouvernementales favorisent souvent les grandes entreprises, créant des obstacles pour les petites entreprises et rendant difficile l’épanouissement des systèmes alimentaires locaux et communautaires.
Malgré les défis, il existe des opportunités prometteuses. Le renforcement des systèmes alimentaires locaux améliore non seulement l’accès à des aliments frais et nutritifs, mais réduit également l’empreinte environnementale associée au transport sur de longues distances. De plus, l’autonomisation des communautés et l’adoption de l’agriculture régénérative pourraient transformer le paysage alimentaire du Canada. Soutenir les réseaux alimentaires alternatifs, tels que , offre un contrepoids direct au contrôle des entreprises et peut jouer un rôle clé dans la refonte des systèmes alimentaires. Avec les systèmes alimentaires alternatifs vient un nouvel ensemble de défis à surmonter, tels que l’accessibilité, l’abordabilité et la pertinence culturelle pour les communautés noires, autochtones et autres communautés racisées. C’est le nouveau travail à accomplir et cela illustre l’importance cruciale d’initiatives telles que le Fonds des agriculteurs afro-canadiens et le Fonds Nourrir de Prospérité Inclusive.
- L’insécurité alimentaire et les liens avec la pauvreté
L’insécurité alimentaire au Canada est directement liée à l’augmentation de la pauvreté et des coûts du logement. Alors que le coût de la vie augmente, de nombreux ménages sont confrontés à des choix impossibles entre la nourriture, le logement et d’autres besoins essentiels. La demande de services de banques alimentaires a atteint des niveaux sans précédent, soulignant la nécessité d’un filet de sécurité sociale plus robuste. La question ne concerne pas seulement l’accès à la nourriture, mais aussi la résolution des problèmes systémiques qui empêchent les gens d’atteindre la sécurité économique.
L’échec du gouvernement à aborder ces problèmes par des solutions politiques complètes et à long terme exacerbe le problème. Les politiques publiques doivent prioriser l’accès équitable aux ressources, y compris la nourriture, le logement et les soins de santé. Des programmes réussis, comme le programme alimentaire scolaire de Terre-Neuve, offrent de précieuses leçons qui pourraient être adaptées et étendues à travers le pays, en particulier pour les communautés marginalisées, y compris les Noirs, les Autochtones et les personnes handicapées.
- Aborder la question de la recherche de profits des entreprises et la nécessité d’alternatives
La recherche effrénée du profit par les entreprises, particulièrement dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, exacerbe les inégalités systémiques et aggrave les dommages environnementaux. Les grandes entreprises agroalimentaires dominent le marché, faisant augmenter les prix des denrées et marginalisant les producteurs locaux. Résoudre ce problème nécessite non seulement des changements de politique, mais aussi une transformation de notre perception des systèmes alimentaires. L’alimentation ne devrait pas être traitée comme une marchandise sujette à la spéculation, mais comme un bien public soutenant les communautés.
Les réseaux alimentaires alternatifs — tels que les coopératives alimentaires locales, les marchés de producteurs et les initiatives communautaires — offrent un contrepoids crucial au pouvoir des grandes entreprises. En soutenant ces initiatives, nous pouvons commencer à créer un système alimentaire plus durable et équitable qui privilégie les besoins des communautés plutôt que les profits des entreprises.
- Réinventer l’action climatique au Canada
La crise climatique représente une menace existentielle pour les communautés à travers le Canada, pourtant la volonté politique et les ressources financières pour une action significative demeurent insuffisantes. Les gouvernements priorisent souvent des politiques acceptables pour l’industrie des combustibles fossiles, conduisant à des demi-mesures qui profitent aux intérêts corporatifs à court terme plutôt que de s’attaquer aux causes profondes du changement climatique. Malgré d’importantes subventions gouvernementales à l’industrie des combustibles fossiles — parmi les plus élevées du G20 — une véritable action climatique reste entravée.
Pour surmonter ces obstacles, nous devons recadrer l’action climatique en des termes qui résonnent avec les communautés. La polarisation des questions climatiques est alimentée par des narratifs promus par l’industrie pétrolière et gazière, qui créent de la confusion et de la résistance à une action transformatrice. Cependant, de nombreux Canadiens considèrent le changement climatique comme un problème urgent, et l’accent doit être mis sur la réalisation de mesures concrètes et réalisables qui démontrent les avantages de la lutte contre le changement climatique, notamment en termes d’emplois, de santé et de développement économique local.
Les initiatives climatiques pour la jeunesse, y compris les programmes d’employabilité des jeunes, offrent une voie prometteuse pour engager les jeunes dans l’action climatique, particulièrement dans les régions fortement influencées par l’industrie pétrolière et gazière. De plus, des industries comme l’agriculture ont une opportunité unique de promouvoir la durabilité, notamment par l’adoption de pratiques agricoles régénératives. Le leadership du Canada dans ce domaine pourrait non seulement atténuer les dommages environnementaux, mais aussi créer des opportunités économiques dans les communautés rurales.
Conclusion : un appel à l’action collective
Notre engagement au cours des deux dernières années a révélé l’ampleur des défis auxquels sont confrontés le secteur à vocation sociale du Canada, les systèmes alimentaires et les initiatives d’action climatique. Bien que ces défis soient importants, ils présentent également des opportunités de changement transformateur. En comblant les lacunes en matière de données, en diversifiant les sources de financement, en recadrant l’action climatique et en soutenant des solutions locales et communautaires, nous pouvons commencer à construire un avenir plus équitable et durable pour tous les Canadiens.
La clé pour surmonter ces défis réside dans la collaboration — entre les bailleurs de fonds, les organisations à but non lucratif, les décideurs politiques et les communautés. Ce n’est que par une action collective que nous pourrons garantir à tous les Canadiens l’accès à une alimentation nutritive, des moyens de subsistance durables et un environnement sain et prospère. Le travail à accomplir est considérable, mais avec détermination, innovation et un engagement envers la justice, nous pouvons être à la hauteur de la situation.